L’importance du Salut

a cura di Giancarlo Toràn

J’écris, parfois, pour le pur plaisir de le faire, pour partager des idées ou des sensations. Les signes d’appréciation que je reçois en retour sont une récompense très bienvenue pour moi. Lorsqu’une traduction dans d’autres langues s’ajoute à celles-ci, offerte généreusement et de manière désintéressée, ma satisfaction monte encore plus haut. C’est le cas, cette fois, de la traduction en français (pour le moment) de mon récent article sur le Salut, par une chère amie, Lara Ortolani, que je remercie et salue encore une fois.
L’importance du Salut.

Il y a quelque temps, un collègue et ami me demanda d’écrire quelque chose sur le sujet. “Hélas”, écrit-il, “personne ne le enseigne aux garçons, et ils ne se saluent même pas en compétition”.

Il a exagéré, bien sûr car, heureusement, il y a ceux qui l’enseignent et qui croient encore que ce soit important. Et puis, rappelons-le, le Règlement International de la FIE non seulement le prévoit, mais sanctionne sévèrement les tireurs qui refusent de saluer l’adversaire. Cependant, que pauvre serait la valeur du salut si nous n’accepterons de le faire que si nous y sommes forcés!

Je ne pense pas que ce soit le lieu pour démontrer la valeur humaine et sociale de la salutation : reconnaissance, respect, courtoisie, culture et identité, lien avec les autres, communication et partage des sentiments et des émotions, etc. Un lubrifiant social qui contribue à notre bien-être et à celui des autres.

Non, ici je préfère me concentrer sur la valeur de l’accueil dans le contexte spécifique de l’escrime, de notre sport. Un sport qui a des racines anciennes et des traditions enviables. Un sport qui a tout à perdre s’il oublie le lien avec son histoire et avec ce qui nous distingue en tant qu’escrimeurs.

Je crains que beaucoup sourissent à l’idée que l’escrime – un sport de niche par ses nombres et souvent considéré comme en péril  en raison de l’avènement de sports beaucoup plus faciles à comprendre et à pratiquer – puisse, en quelque sorte, se sentir supérieure. Pourtant, essayez de demander autour de vous ou aux nouveaux arrivants, où ils ont puisé l’inspiration et le désir de prendre une arme, et se lancer dans des duels sans effusion de sang : les héros de films et de romans de cape et d’épée, les anciens guerriers, l’épée comme symbole de justice et de pouvoir, les chevaliers sans tache et sans peur, la loyauté, la défense des plus faibles, et… continuez, si vous voulez nommer vos favoris. Car, si vous y réfléchissez, vous en aurez certainement: peut-être Zorro, peut-être D’Artagnan, Scaramouche, Capitaine Fracassa, Don Quichotte…

Peut-être que l’archétype le plus fort, dans l’imaginaire de chacun, soit celui du guerrier en armure, du chevalier, qui rencontre son adversaire et avant de l’affronter en duel au péril de sa vie, se présente, le salue, soulève la masquée du casque, dans un geste que les soldats de tous les pays font encore aujourd’hui, souvent en ignorant son origine.

Maintenant, cependant, en repensant au collègue qui me proposa le sujet, je voudrais revenir sur les opportunités et les avantages de l’enseignement des salutations, dans la relation entre le maître et les élèves.

La leçon, individuelle ou collective, doit toujours commencer avec le salut, qui offre une belle occasion d’expliquer l’histoire et la tradition du geste. Je me souviens de Renzo Nostini, longtemps président de la FIS, qui parlait de la première leçon qu’il avait reçue dans son enfance et du professeur qui, après lui avoir appris le salut et lui avoir mis le fleuret dans la main, avait lui dit d’une voix grave : “Maintenant, tu es un gentleman, et tu dois te comporter en conséquence.”

Des histoires sont rapportées à propos du salut, peut-être pas tout à fait fondées, mais qui frappent l’imagination. Par exemple, et cela me semble fondé, celui du sens, dans la salutation italienne, de porter le poing armé vers le visage, comme à embrasser la croix formée par le quillon  – la barre transversale typique du fleuret italien  – avec le ricasso, la partie de la lame à l’intérieur de la garde, dans le manche.

Une autre histoire, que je ne connaissais pas et qui m’a été rapportée par ce collègue, concerne la coutume de placer une pièce de monnaie dans la main de l’ennemi vaincu et de la serrer dans son poing: d’ici, disent certains, la coutume de serrer la main comme une salutation aurait surgi. Je suis moins convaincu, mais c’est une autre histoire qui stimule l’imagination.

En plus des histoires, cependant, l’exécution de la salutation et de la poignée de main finale, offre la possibilité de corriger des comportements inappropriés, ce qui en fait un véritable outil pédagogique.

La posture, la tête droite, le regard dirigé vers l’adversaire puis vers les autres destinataires du salut, un léger soupçon de sourire: autant d’éléments à signaler à l’élève, lui expliquant le sens de ce qui est transmis et aussi l’importance psychologique d’être confiant et correct. L’assaut part de là, et l’impression qu’il produit sur l’adversaire, et inversement, peut avoir son poids.

Et puis la poignée de main finale, après l’agression ou la leçon: encore, regarder dans les yeux, serrer dans le bon sens – que d’informations passent dans cette poignée de main, et dans ce regard! – avec le corps tourné vers l’autre, en signe de respect, que l’assaut soit gagné ou perdu et enfin, non marmonné, mais dit avec clarté et intention: merci !

Enfin, imaginez l’impression du spectateur : une salutation formelle, bien exécutée, par deux qui se sont battus férocement, mais loyalement, jusqu’à quelques secondes auparavant, unit le vainqueur et le perdant dans le respect mutuel et fixe dans l’esprit du spectateur l’image de l’escrime comme nous souhaitons qu’elle soit.

articoli correlati